


Au printemps, avec l’explosion de la floraison, les abeilles butineuses apportent du nectar et du pollen en abondance à la ruche. La reine (mère) de la colonie intensifie la ponte, qui va jusqu’à 1500 à 2000 œufs par jour. L’augmentation de la population est
ulgurante, les abeilles nourrices, qui accompagnent la reine, la nourrissent et s’occupent d’elle, atteignent le nombre de 20 ou même plus. Si on n’augmente pas à temps l’espace dans la ruche (par l’ajout de rayons et de hausses), les abeilles stockeuses ont du mal à trouver de la place dans les rayons pour y stocker le miel et le pollen. Il n’y a pas assez de place non plus pour que la reine dépose ses œufs.
Dans des conditions d’encombrement et de surchauffe de la ruche dus à la surpopulation, avec les rayons pleins de miel et de pollen et couverts principalement de couvain operculé d’où vont naître bientôt de nouvelles abeilles, l’essaim prend la décision de se préparer au voyage.
On appelle essaimage le phénomène de la préparation et de la sortie finale de la ruche, d’une grande partie de sa population, à la recherche d’un nouveau logis.
A part le manque de place et la surchauffe, dans l’apparition du phénomène de l’essaimage, jouent également un rôle l’âge de la reine (une reine âgée produit moins de phéromone de cohésion de l’essaim), les gènes (certaines colonies sont plus «voyageuses» et essaiment plus), une bonne floraison (on dit de la sauge et de l’oranger qu’ils «enivrent» les colonies) et pour finir une température extérieure élevée qui la favorise.
Les abeilles fabriquent d’abord des bases de cellules royales à différents endroits des rayons. A cause du manque généralisé de place, à un moment, la reine pond aussi des œufs dans ces cellules. Les abeilles nourrices en élargissent ensuite les cloisons et alimentent les larves des futures reines avec de grandes quantités de gelée royale. Désormais ces cellules sont appelées cellules royales d’essaimage et c’est le début du compte à rebours pour l’accomplissement final de ce phénomène.
Les abeilles nourrices de la suite royale commencent le «harcèlement» de leur reine, elles cessent de la nourrir et de s’en occuper, elles la maltraitent pour qu’elle perde du poids et puisse voler. La ponte de la reine s’interrompt, le rythme de travail dans la colonie ralentit, de nombreuses abeilles restant inactives, tandis qu’un certain nombre d’abeilles butineuses se transforme en abeilles éclaireuses qui cherchent un nouveau logis. Quand la première cellule royale d’essaimage est obturée, l’essaim est prêt à partir.
Voici comment se manifeste le phénomène au rucher : une grande part de la population de l’essaim, attirée par les danses (oui, les abeilles dansent…!) des abeilles éclaireuses, avec un bourdonnement caractéristique «s’écoule» hors de l’entrée de la ruche, entraînant avec elle la reine. Elles volent autour de la ruche jusqu’à ce qu’elles trouvent une place provisoire pour y former ce qu’on appelle la «grappe».
Les jours suivants, dans une des cellules royales d’essaimage de la ruche d’origine, va éclore la première reine vierge, qui va peut-être tuer ses autres sœurs dans leurs cellules et prendre la tête de l’essaim. Si deux ou plusieurs reines apparaissent en même temps, elles combattent jusqu’à ce qu’une seule triomphe. Il peut arriver que la colonie permette qu’éclosent d’autres reines vierges, chacune (ou même deux ou plusieurs ensemble parfois) fera partie de la population restée dans la ruche et partira, quand le phénomène de l’essaimage se reproduira. Ces essaims plus petits s’appellent essaims secondaires. Dans chaque nouvel essaim, il ne restera finalement qu’une seule reine vierge.
Au cours de l’essaimage, l’apiculteur perd une grande partie de la population ouvrière de la ruche (50 à 90%). Il perd une grande partie des réserves de l’essaim parce que les abeilles mangent beaucoup de miel avant de partir. Il perd aussi patience quand il voit les abeilles accrochées aux branches des arbres à ne rien faire, au lieu de travailler dans les ruches.